La campagne de Birmanie
La campagne de Birmanie est une phase du théâtre extrême-oriental de la Seconde Guerre mondiale, qui s’est déroulée de janvier 1942 à juillet 1945 sur le territoire de la Birmanie, alors colonie de l'Empire britannique. Elle a opposé les forces Alliées (Royaume-Uni et troupes des Indes britanniques, République de Chine, États-Unis) à celle de l’Axe, représentées par l’Empire du Japon et le Royaume de Thaïlande.

L’offensive japonaise en avril 1942 : Les 4 divisions japonaises attaquent selon trois axes
Après la perte de Rangoon, les Alliés établissent une certaine résistance dans le nord du pays avec l’aide des forces expéditionnaires chinoises en Birmanie. Les Japonais ont également reçu le renfort de deux divisions rendues disponibles à la suite de la capture de Singapour, ce qui leur permet de vaincre le nouveau corps d'armée birman ainsi qu’une force chinoise forte de 42 000 soldats. En dépit d’affrontements parfois sévères (bataille de Taungû, bataille de Yenangyaung), les Alliés ne peuvent empêcher les Japonais de conquérir l’ensemble du pays et d’atteindre leur principal objectif stratégique : couper la route de Birmanie Lashio-Kunming. Celle-ci est coupée le 15 mai 1942, privant Tchang Kaï-Chek de tout approvisionnement. Les Alliés ont également dû faire face à un nombre grandissant d’insurgés birmans, combattant au sein de l'Armée pour l'indépendance birmane dirigée par Aung San. Plusieurs administrations civiles britanniques se sont effondrées à la venue de ceux-ci. La plupart de leurs routes de ravitaillement étant coupées, les commandants Alliés prennent finalement la décision d’évacuer leurs forces de Birmanie. Du fait du manque de communication, les Chinois ne sont initialement pas informées du retrait britannique. Réalisant qu’elles ne peuvent vaincre sans l’aide britannique, certaines troupes chinoises exécutent une retraite désorganisée vers l’Inde où elles seront dès lors sous les ordres du général américain Joseph Stilwell. Après une période de repos, elles sont ré-équipées et entraînées par des instructeurs américains. Le reste des troupes chinoises essaie de rejoindre le Yunnan au travers des forêts montagneuses et isolées, perdant la moitié de leurs combattants en route.

Des soldats australiens, en Birmanie
LE REVERS DES ALLIES
En 1942-1943, les opérations en Birmanie sont particulièrement frustrantes pour les Alliés. Le Royaume-Uni ne peut soutenir plus de trois campagnes militaires simultanées. La priorité est donc accordée aux opérations au Moyen-Orient, en raison de la plus grande proximité de la région avec l'Europe, et du fait de la priorité donnée par les gouvernements britannique et américain aux opérations contre l'Allemagne nazie.
Les effectifs alliés sont également occupés par la situation de désordre de l’Inde orientale à cette époque. Il y avait de violentes manifestations Quit India au Bengale et à Bihar3, qui nécessitent, pour les mater, une forte présence britannique.
Une importante famine sévit également au Bengale, où plus de 3 millions de personnes périssent. Ces conditions chaotiques rendent très difficile l’amélioration des lignes de communication vers le front d’Assam, ou encore l’utilisation des industries locales pour l’effort de guerre. La formation des troupes alliées prend du temps pour devenir efficace; le moral britannique est bas sur le front avancé, des maladies endémiques diminuant également les capacités des unités de combats.
Néanmoins, les Alliés montent deux opérations durant la saison sèche de 1942-1943. La première est une offensive à petite échelle, sur l’État d’Arakan, une région côtière de Birmanie. L’armée de l’est indienne vise à réoccuper la péninsule de Mayu et l’île d’Akyab, où se trouve un terrain d’aviation important. Une division est envoyée jusqu’à Donbaik, à quelques kilomètres du bout de la péninsule, mais est stoppée par les forces japonaises, qui s’y étaient déjà retranchées. À cette époque de la guerre, les Alliés ne possèdent pas encore les moyens tactiques et techniques pour affronter les bunkers japonais, qui étaient très fortement blindés. Les attaques répétées des Indiens et des Britanniques sont sans résultat et coûteuses en vies humaines. Des renforts japonais arrivent du centre de la Birmanie - traversant les rivières et chaînes de montagnes que les Britanniques croyaient impraticables – pour attaquer le flanc gauche des Alliés. Les Britanniques, épuisés, ne peuvent soutenir leur ligne de défense et sont contraints d’abandonner beaucoup d’équipements et de se retirer vers la frontière indienne. L'exemple de la 14e division indienne considérée comme entièrement neutralisée psychologiquement au bout de 200 à 240 jours de combat agrégé est représentatif du stress que subissent les soldats au feu.

Soldats britanniques en Birmanie
LES ALLIES REPRENNENT LA BIRMANIE
Début avril, la XXXIe division japonaise, commandée par le lieutenant général Kotoku Sato, atteint Kohima. Au lieu d’isoler la petite garnison britannique, les troupes poursuivent jusqu’à Dimapur, où Sato prend la hill station. Le siège dure du 5 au 18 avril, quand les défenseurs, exténués, sont remplacés. Une nouvelle formation des quartiers généraux, le XXXIIIe corps indien, sous les ordres du lieutenant général Montagu Stopford, prend maintenant la tête des opérations sur ce front. La IIe division d’infanterie britannique lance une contre-offensive et, le 15 mai, déloge les Japonais de la crête de Kohima. Après une pause, pendant laquelle d’autres renforts alliés arrivent, le XXXIIIe corps reprend son offensive.

champ de bataille de Garrison Hill la clef de la défense britannique à Kohima.
À ce stade les Japonais sont exténués. Leurs troupes (particulièrement la XVe et la XXIe divisions) sont affamées, les maladies les affectant également durant la période de la mousson. Le lieutenant général Sato avait d’ailleurs avertit Mutaguci que sa division se retirerait de Kohima à la fin mai s’il ne recevait pas de renfort. Bien qu’ayant reçu l'ordre de tenir Kohima, Sato se retire. Les troupes principales du IVe corps et du XXXIIIe effectuent leur jonction à la borne 109 sur la route Dimapur - Imphal le 22 juin. Le siège d’Imphal est dès lors levé.
Mutaguchi et Kawabe poursuivent leurs ordres d’attaques. La XXXIIIe division, ainsi que la Force Yamamoto, poursuivent leurs efforts, mais, à la fin juin, les pertes dues aux combats ou aux maladies les forcent à abandonner. Les opérations à Imphal se terminent au début juillet, et les Japonais se retirent péniblement vers la Chindwin.
Il s’agit là de la plus grande défaite japonaise à ce stade de la guerre. On y recense plus de 55 000 victimes, dont 13 500 morts. Une grande partie des pertes sont dues à la maladie, à la malnutrition et à l’épuisement. Les Alliés recensèrent 17 500 victimes. Mutaguchi licencie tous les commandants de ses divisions, avant d'être lui-même démis de ses fonctions.

Scène du mont Scraggy, les Japonais sont capturés, lors de la bataille d'Imphal.
Durant la mousson, d'août à novembre, la XIVe armée poursuit les Japonais jusqu’à la Chindwin, pénétrant le front birman. Pendant ce temps, la XIe division d’Afrique de l’est poursuit son avance de Tamu vers la vallée de Kabaw et la Ve division avance sur la route montagneuse de Tedim. À la fin novembre Kalewa est repris et plusieurs têtes de pont sont établies sur la rive est de la Chindwin.
Les Alliés poursuivent, à la fin 1944 et au début 1945, une série d’opérations en Birmanie, après un remaniement des effectifs en novembre 1944 : la XIe armée du groupe des quartiers généraux est remplacée par les Forces Alliés Terrestre du Sud-Est Asiatique. Le NCAC (en) ainsi que le XVe corps sont placés sous les ordres de cette nouvelle entité. Bien que les Alliés tiennent toujours à parachever la route de Birmanie, il apparait évident que celle-ci n’affecterait pas le cours des évènements pour la suite de la guerre en Chine.
Les Japonais modifient également leurs effectifs en profondeur. Hyotaro Kimura remplace Kawabe à la tête de l'Armée Régionale de Birmanie et parvient à confondre les Alliés en refusant de combattre et en ordonnant à ses troupes de se retirer derrière l’Irrawaddy, forçant ainsi les troupes ennemies à étendre au maximum leurs lignes de communications.